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Dossier : La ville est fête

CaMBo #24

Dossier : La ville est une fête
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Éditorial du n°24 de CaMBo,

L’humeur des Français serait au désamour des villes, métropoles en tête, accusées d’être le siège de tous les maux contemporains en matière de nuisances environnementales, de prédation des ressources et de déséquilibre territorial, d’inégalités sociales, d’insécurité… Articles, enquêtes et autres sondages « à charge » se sont enchaînés en 2023.
Il faut dire que la crise sanitaire est passée par là : elle a mis en exergue l’exiguïté des logements, la promiscuité parfois, mais aussi l’insuffisance d’espaces de nature dont souffrent les citadins, et a largement contribué à dégrader l’image des villes. Avec le développement du télétravail, certains d’entre eux ont trouvé l’opportunité pour rompre avec cette ville devenue invivable.
La réalité de ce désamour reste à étayer. En premier lieu, cette histoire d’amour entre les Français et les villes a-t-elle existé un jour ? Avec l’urbanisation contemporaine, les populations sont parties dans les villes pour travailler, échanger, étudier, accéder aux services et aux ressources qu’elles proposaient. La migration vers la ville s’est imposée comme une opportunité, souvent comme une nécessité. Certes, la ville a aussi répondu au désir d’ouverture sur le monde, à l’envie d’émancipation, elle a offert la possibilité de se fondre dans la foule des anonymes ou de faire des rencontres ; une ville à la fois lieu d’initiation et terrain de construction de parcours de vies. Mais peut-on pour autant parler d’amour des villes ? Peut-être pour le touriste urbain qui la fréquente fugacement ; sans doute pour l’architecte dont c’est le lieu d’expression ; pour le cinéaste aussi, à l’image du Marseille de Guédiguian, du Paris de Truffaut, de la Rome de Fellini, du Berlin de Wenders ou du New-York de Woody Allen. Autant de déclarations d’amour à « leur » ville !

Du désamour à la séparation, de la désaffection à la défection, il n’y aurait qu’un pas. Depuis quelque temps une petite musique s’installe : les Français quitteraient la ville pour refaire leur vie ailleurs, idéalement « au vert ». Pourtant, observateurs et chercheurs ont démontré que l’exode urbain n’a pas eu lieu. Les phénomènes en cours – la périurbanisation, la littoralisation… et l’attractivité des pôles urbains – ne relèvent pas d’une rupture mais renforcent les tendances préexistantes.

Car, quoi qu’on en dise, la ville possède des atouts, qui sont aussi des vertus en période d’impérative sobriété. Comme l’explique Franck Boutté, grand prix de l’urbanisme 2022, le sens de la ville c’est la mise en commun, le partage des ressources, des infrastructures et des services, et la mutualisation des usages.

Surtout, la ville reste le creuset des idées et des cultures. Elle offre densité relationnelle et intensité émotionnelle comme le montre ce dossier sur la fête. Expérience à l’unisson, moment de fusion et d’effusion, parenthèse personnelle enchantée ou promesse collective de jours meilleurs, célébration d’identités locales ou de valeurs universelles, la fête nous réconcilie avec les autres, et avec la ville. Parce que la ville est une fête !

 

Françoise Le Lay

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