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DOSSIER : AFFAIRES IMMOBILIÈRES
NOVEMBRE 2018 – 80 PAGES

CaMBo #14

Éditorial du n°14 de CaMBo, par Jean-Marc Offner, directeur général de l’a-urba

« Affaires immobilières »… Il en existe de bien des sortes. Il y a les bonnes affaires ; à en croire les couvertures des magazines, c’est d’ailleurs toujours le bon moment pour acheter : lorsque le marché est dynamique, lorsque les taux d’intérêt sont bas, lorsque des défiscalisations sont promises ; avant que ça remonte… ou que ça baisse. Et puis il y a les affaires un peu louches, entre délits d’initiés, chasses sauvages au foncier et surfacturations généreuses ; les ardeurs de promoteurs trop vite enrichis ou de fonds spéculatifs sans visage, de propriétaires fonciers et d’entreprises de BTP aux yeux plus gros que le ventre. Mains basses sur la ville…

Beaucoup d’argent, beaucoup de milliardaires, beaucoup de professionnels, beaucoup d’intérêts, privés et publics. Et pourtant, l’investissement intellectuel et scientifique sur cette question urbaine majeure est d’une incroyable modestie. Sujet « sale » parce qu’avec trop de chiffres, sujet compliqué parce qu’avec trop de secrets ? C’est bien pourtant ce système qui fabrique les lieux où nous habitons, où nous travaillons, où nous vivons (pour un bon tiers de ce qui se construit de logements en tout cas, un peu moins que les particuliers, un peu plus que les bailleurs sociaux). Cela mériterait quelques investigations.

Wikipédia fait du promoteur immobilier « un vendeur d’espaces construits ou à construire ». Presque du Pérec ! Le monteur d’opération sentait la campagne en voie de périurbanisation. Le développeur anglo-saxon semble marier business privé et bonheur public. Mais que promeut le promoteur ? L’innovation technique, l’écoute des habitants, le dialogue avec les élus locaux, la réflexion prospective sur les modes de vie ? Un peu de tout cela sans doute. Entrepreneur familial ou opérateur d’un grand groupe, agent local ou investisseur mondialisé, le promoteur est-il homo economicus en quête légitime de profit ou acteur de la cité, fort de sa responsabilité sociale et environnementale ? Quelle peut être la nature des rapports entre ce monde hétérogène de l’immobilier et les pouvoirs publics, aux plans local comme national ? Y a-t-il des marges de manoeuvres face à un marché en grande partie structuré par les mutations et les décisions de la finance mondiale ?

Faut-il rappeler que la récession économique majeure de 2008-2010 trouve sa genèse dans la crise des subprimes, conséquence d’une politique par trop laxiste des pouvoirs publics américains en matière de prêts immobiliers ? Aux procès des bulles immobilières, les accusés devraient être nombreux à la barre.

Les politiques publiques locales ne feront pas l’économie d’une meilleure compréhension des logiques de ces vendeurs d’espace, seule à même de dépasser la double impasse de la connivence et de la défiance. En la matière, les procédures sont trompeuses. L’appel d’offre ne vaut pas concurrence « pure et parfaite », le « gré à gré » ne signe pas l’absolue confiance. Osons le dialogue constructif.

Jean-Marc Offner

/ Extraits

Voir le sommaire

Voir le Grand Entretien : Thomas Maloutas (par Gilles Pinson)

Voir l’introduction du dossier : Affaires immobilières (par Thibaut Lurcin et Guillaume Pouyanne)

Éditeur : Le Festin, Bordeaux

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