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Dossier : Sport : Bordeaux, terrain de jeux
Mai 2016 – 80 pages

CaMBo #9

Éditorial du n°9 de CaMBo, par Jean-Marc Offner, directeur général de l’a-urba

Une ville « à taille humaine »… Cette qualité paraît à la fois très consensuelle et très partagée.  C’est le souhait résidentiel plébiscité par nos concitoyens. Outre la proximité de la mer, les Français mettent en avant cette aspiration à une taille humaine, faisant référence à des agglomérations dites moyennes (Angers et sa douceur) ou à des « petites » grandes villes, comme Bordeaux.
Les trompettes du marketing territorial n’hésitent néanmoins pas à élargir le panel. De Fouesnant à Vancouver, de Libourne à Stockholm, chacun fait de l’humain sa mesure de référence. De quoi parle-t-on, finalement ?
Le nombre d’habitants est souvent pris en considération. Aristote, déjà, s’était penché sur le sujet, considérant qu’il fallait pouvoir embrasser du regard la population rassemblée. Siècle après siècle, la réflexion se poursuit. L’économiste Paul Bairoch calculait ainsi dans les années 1980 que l’optimum de population urbaine, conjuguant atouts économiques et bien-être citadin, se situait autour de 250 000 habitants. Thierry Paquot, philosophe de l’urbain, milite quant à lui aujourd’hui pour une « juste taille » d’un million d’habitants.
L’expérience urbaine laisse deviner que la démographie n’est pas seule en cause. Certains évoqueraient la surface de l’aire urbaine, les temps de transport, les rythmes quotidiens,  le rapport à la nature, les proportions (arrivant à New York, Le Corbusier trouva les gratte-ciel américains trop étroits…). Et les échelles.
L’échelle humaine n’est pas affaire de quantité ni de taille (des bâtiments, des quartiers…). L’enjeu n’est pas de concevoir une ville à l’aune d’un nouveau Modulor (tel que Le Corbusier, encore, l’avait élaboré pour dessiner ses unités d’habitation). Il s’agit de faire en sorte que l’espace puisse être appréhendé à plusieurs niveaux de perception. Les maisons répliquées à l’identique des suburbs américaines proposent un « petit » qui ne trouve pas de « grand », parce qu’il n’y a pas d’organisation de l’espace à une strate supérieure à la parcelle du lotissement. Le XXL, cher à Rem Koolhaas, pèche aussi, de manière inversée, par ce caractère unidimensionnel : un « grand » sans référence au « petit », faute d’une conception donnant aussi sa place aux « détails ». C’est l’ « effet maquette » propre à moult productions architecturales contemporaines. En revanche, le  Grand Théâtre de Bordeaux est massif, mais ses colonnes et sculptures en permettent une lecture « multiscalaire ».
C’est donc, pour une bonne part,  la combinaison des échelles qui fait la ville à taille humaine. Aucune ne doit être oubliée, en particulier pas celle du piéton, à hauteur des yeux. Manhattan, avec ses rues grouillantes, ses espaces publics sophistiqués et ses rez-de-chaussée de buildings accueillants, a ainsi su respecter la taille humaine, malgré sa verticalité. « Il est beau pour le mortel de penser à hauteur d’homme », écrivait Montaigne.  Bordeaux, qui  se veut  métropole à taille humaine, pourra transposer ce bon conseil : penser et concevoir un urbanisme à hauteur d’homme.

/ Extraits

Voir le sommaire

Voir l’introduction du dossier : Bordeaux, terrain de jeux (par Jean-Pierre Augustin et François Cougoule)

Voir l’article : surfer la ville

Voir la rubrique fabrique urbaine : quartier des spectacles de Montréal (par Arthur Duhamel)

Editeur : Le Festin, Bordeaux

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