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Dossier : Economie – Les défis du territoire
novembre 2015 – 80 pages

CaMBo #8

Éditorial du n°8 de CaMBo, par Jean-Marc Offner, directeur général de l’a-urba

Terrain vague… l’endroit n’a pas bonne presse. Dans le film éponyme de Marcel Carné, sorti en 1960, c’est le domaine des blousons noirs et des jeunes « désœuvrés » des habitations à loyer modéré. Forcément désœuvrés, puisqu’un terrain vague est inoccupé, ni construit ni cultivé. Qu’y faire ?
Rien et tout. Cela pourrait justement devenir la qualité première d’un terrain vague, accepter une diversité d’appropriations. « Vague » : mouvant, mal défini ; donc une ouverture à des pratiques multiples, par cohabitation simultanée ou par succession dans le temps, une adaptabilité et une réversibilité des aménagements.
Il y a bien des façons de fabriquer de la mixité d’usages. La « salle polyvalente » répond certes au cahier des charges. Mais la banalisation y devient banalité, la poésie des lieux s’y perd. L’espace multifonctionnel, quant à lui, additionne les demandes des usagers, évitant le monofonctionnalisme pour mieux s’enferrer dans une accumulation de conditionnements. Les exemples abondent : centres commerciaux voulant réinventer l’urbanité à coup de sofas et de fontaines, terrains de jeux multipliant les équipements sportifs. L’empilement des exigences réglementaires n’arrange pas le paysage.
Ne pas en faire trop ! L’ascétisme urbain n’est sans doute pas la vertu la plus répandue aujourd’hui chez les fabricants de villes. Pourtant, Peter Brook a su faire d’un bâtiment presque en ruine, les Bouffes du Nord à Paris, l’une des plus belles scènes de théâtre du monde. Le fameux less is more de Mies van der Rohe est devenu la bannière de moult architectes férus de minimalisme. Et Michel Corajoud, le talentueux paysagiste pédagogue des quais de Bordeaux, aimait à souligner qu’il était important de ne pas vouloir à tout prix « occuper le territoire », qu’il n’y avait pas d’injonction à faire quand il n’était pas nécessaire de faire.
Ce militantisme de l’économie de moyens (qui trouve aujourd’hui un écho pragmatique dans les restrictions des budgets publics) est de fait déjà là, autour de nous. Les étals des marchés « hebdomadaires » de plein vent occupent la voirie. Le sable meuble permet de transformer les plages à l’infini, du salon de lecture à la boîte de nuit. Et même si l’on ne voit plus souvent des marelles dessinées à la craie sur les trottoirs, les enfants malins savent encore se débrouiller pour installer un but de foot avec deux piquets de mobilier urbain. Ne pas « surinvestir » l’espace présente bien des avantages.
Depuis 2010, les Berlinois ont fait de l’ancien aéroport de Tempelhof le plus grand espace libre urbain. Sans aménagements autres que le « déjà là » – un tarmac de plus de 300 hectares avec ses deux pistes et son gazon – c’est une immense aire de jeux en tous genres qui s’est rapidement installée : skate, vélo, barbecues, jardins partagés, une exposition florale bientôt… Le luxe de l’espace.
Animations sportives, brocantes, cirques, concerts, fêtes foraines… c’est aussi le genre d’occupations qu’une esplanade peut accueillir, dès lors que ses dimensions généreuses s’y prêtent. La place des Quinconces ? Le plus beau terrain vague de Bordeaux…

/ Extraits

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Voir l’introduction du dossier Economie, les défis du territoire  (par Nathanaël Fournier, Emmanuelle Gaillard, Frédéric Gaschet et Guillaume pouyanne)

Voir le Grand Entretien : Jean Blaise  (par Gilles Pinson)

Editeur : Le Festin, Bordeaux

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