/ 2019
L’Entente Val de Charente-Océan
Le besoin – ou parfois l’envie – de coopérer se fait sentir sur l’ensemble des territoires. À chaque contexte géographique ou politique, des formes de coopérations se créent : besoin de mutualiser des moyens et des ressources, envie de s’unir pour se donner plus de visibilité, prendre du poids et peser dans la balance des décisions.
En Nouvelle-Aquitaine, les coopérations interterritoriales se développent comme partout ailleurs : Intercommunalité XXL au Pays basque, Pôles métropolitains Centre Atlantique ou Béarn, Coopérations métropolitaines bilatérales entre la Métropole bordelaise et ses voisins… Et parmi les derniers nés, une Entente Territoriale Val de Charente-Océan.
Signé au printemps 2018 entre les quatre agglomérations d’Angoulême, cognac, Saintes et Royan, ce protocole d’Entente vise à construire des axes de projet commun. Sans forme juridique propre, ni de compétence assignée, l’objectif est de développer le territoire certes, mais aussi – et surtout- à mettre en évidence le poids et les atouts de ce système territorial de 330 000 habitants au sein d’une région où la Métropole bordelaise déstabilise l’armature régionale.
L’agence d’urbanisme Bordeaux Aquitaine a été sollicitée pour accompagner ce processus naissant. Celui-ci demande une mobilisation de l’ensemble des parties prenantes et principalement des élus qui arbitrent et engagent, des techniciens qui devront mettre en œuvre et des citoyens qui feront vivre les projets. Le rôle de l’agence est de proposer un processus de co-construction qui permette d’articuler l’ensemble des intentions.
En premier lieu, cette entente doit être politique. En signant ce protocole, les élus s’engagent à travailler ensemble. Ils seront présents tout au long du processus, pour valider, arbitrer et décider des suites à donner. Car une des particularités d’une telle démarche, c’est que si le point de départ est connu, la finalité reste floue. Le processus du projet compte tout autant – sinon plus- que le projet en lui-même.
Dans ce processus, la phase technique joue un rôle clé. L’agence propose d’organiser des ateliers de cartographie regroupant des directeurs généraux et techniciens des collectivités. Pourquoi de la cartographie ? Parce qu’en réfléchissant ensemble sur des fonds de cartes, les techniciens découvrent leurs voisins, leurs projets et se dessine progressivement un espace d’une autre dimension où des projets similaires ou complémentaires apparaissent. Autant de pistes de projets de coopération potentiels.
De ces ateliers techniques de cartographie naissent des cartes de l’Entente qui retracent l’état des lieux et les enjeux autour de trois grandes thématiques : les mobilités, les développements économique et urbain et les patrimoines bâti, naturel et paysager.
Cette première étape, nécessaire, n’est pas pour autant suffisante. Manque une dimension sensible, une dimension vécue à travers les usages et les pratiques. Se pose alors une question fondamentale : la concertation citoyenne sur un territoire XXL est-elle pertinente ? Comment interroger l’habitant quand les échelles spatiales et temporelles sont si différentes de celles du quotidien ? Le choix est fait de faire appel à des représentants des citoyens, à travers la mobilisation des membres des quatre conseils de développement.
Cette seconde phase a un double objectif : d’abord, d’obtenir une vision des pratiques de ce territoire (ce qui permettra notamment de comprendre si la création de cette Entente reflète des pratiques déjà existantes) et ensuite de comprendre comment ces citoyens du système Val de Charente Océan perçoivent ce qui les relie, ce qui les différencie, voire ce qui les oppose. Là encore, autant de pistes de projets à suggérer.
Les résultats de ces deux premières phases de travail sont ensuite soumis aux élus. Au vu des travaux réalisés par leurs techniciens, à la lecture des besoins et des envies des citoyens « éclairés », ils auront à se prononcer sur les différentes options, les hiérarchiser et mettre en face les moyens pour leur mise en œuvre.
Tout au long du processus, l’agence d’urbanisme aura joué son rôle de médiateur : par ses expertises multithématiques, par son savoir-faire cartographique, par ses compétences d’animation : faire parler, mettre en contradiction, appuyer là où ça peut faire (un peu) mal, proposer des solutions qui remportent l’adhésion… Progressivement les collectivités reprendront la main sur le processus, avant l’arrêt imposé par prochaines échéances électorales. … En attendant la suite.
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