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/ 2022

L’attractivité de la Gironde

Une analyse des migrations résidentielles 2013 – 2019

La Gironde, forte de ses 1 625 000 habitants, est attractive, ce n’est une surprise pour personne. Les journaux en font leurs gros titres régulièrement, à la parution des nouveaux résultats des recensements de la population.
Le département a en effet gagné près de 20 000 habitants par an entre 2013 et 2019. Mais connaît-on bien les ressorts de cette attractivité ? Les néo-Girondins sont-ils tous des Parisiens, comme tente de nous le faire croire la rumeur populaire ? Quel est le type d’habitants que la Gironde attire ? Quelle est la part d’étudiants parmi ceux-ci ? Y a-t-il un comportement spécifique des retraités en termes de mobilité géographique ?
Grâce à la richesse des données de l’INSEE sur les mobilités résidentielles, l’agence d’urbanisme apporte des éclairages sur les néo-Girondins, ces personnes qui sont venues habiter dans le département, sans oublier d’évoquer ceux qui ont choisi de le quitter.

Ce qu’il faut retenir

Une très forte attractivité

La Gironde, le département le plus attractif de France : il est celui dont la croissance est la plus importante, notamment grâce un solde migratoire très positif.
Le département a vu sa population augmenter d’environ 20 000 habitants supplémentaires par an entre 2013 et 2019, ce qui représente 4 % de néo-Girondins chaque année. Mais 2 % des Girondins quittent également le département.
Cette attractivité girondine s’est renforcée par rapport aux migrations observées en 2013, et cela se constate pour Bordeaux et Talence, et encore plus dans le reste de la métropole, ce qui est une évolution marquante entre ces deux dates. Cependant, ces deux communes restent le principal territoire d’accueil des arrivants puisque 39 % des néo-Girondins y choisissent d’habiter.
Les échanges avec les départements néo-aquitains, en particulier avec ceux des anciennes régions d’Aquitaine et de Poitou-Charentes, sont les plus importants : ils représentent une arrivée sur quatre et quatre départs sur dix. Pour autant, le solde entre entrées et sorties est équilibré entre la Gironde et le reste de la Nouvelle-Aquitaine.
Près de la moitié des entrants ont entre 15 et 29 ans révolus (alors qu’ils représentent un quart de la population résidente). Il s’agit donc, en grande partie, de mobilités liées aux études (parcours étudiant et début de vie professionnelle). C’est particulièrement avéré pour la métropole bordelaise, le reste du territoire girondin faisant l’objet de mouvements beaucoup plus familiaux. La Gironde attire également des personnes retraitées, qui vont s’établir dans les espaces littoraux et, dans une moindre mesure, dans des espaces ruraux aux confins des autres départements néo-aquitains.
Un nouvel arrivant sur cinq vient d’Île-de-France. Ce n’est pas la métropole bordelaise qu’ils recherchent préférentiellement, même s’ils y sont numériquement plus nombreux, mais sa périphérie ou le littoral. Si leur profil est plutôt familial, on observe néanmoins une arrivée de personnes retraitées. Leur niveau de diplôme ou de catégorie socio-professionnelle est plus élevé que la population résidente ou que les autres personnes entrant en Gironde. On sait également, grâce à une récente étude de la direction régionale de l’INSEE d’Île-de-France1, que leur niveau de ressource est supérieur à celui de la population résidente (+ 32 % pour la commune de Bordeaux, le double pour les seniors franciliens qui s’installent à Lège-Cap Ferret).

Des migrations qui interrogent le projet d’accueil des territoires girondins

Avec 20 000 habitants supplémentaires chaque année, cette importante croissance interroge la politique d’accueil et de développement des collectivités territoriales girondines.
Elle signifie en effet plus de logements à produire pour accueillir cette population grandissante, mais surtout plus de logements abordables, afin de limiter les phénomènes de ségrégations socio-spatiales, génératrices de tensions, voire même d’un certain sentiment de dépossession qu’on a pu voir poindre. On peut en effet se souvenir de certaines manifestations, dirigées vers les nouveaux quartiers urbanisés (ex. secteur Amédée Saint-Germain à Euratlantique) ou envers les arrivées de Franciliens (les autocollants « Parisien, rentre chez toi» qui ont fleuri à l’ouverture de la ligne à grande vitesse, la LGV, en 2017).

Pour autant, alors que des élus s’interrogent sur l’acte de construire, dans un contexte de réduction de la consommation foncière vers l’horizon du ZAN (zéro artificialisation nette), on ne peut décréter l’arrêt de la construction au risque de renforcer ces tensions. La production de logements est nécessaire, ne serait-ce que pour satisfaire ce qu’on appelle le desserrement des ménages qui est le fait qu’à population égale, il faut des logements pour compenser la réduction de la taille des ménages. Dit autrement, cela signifie qu’une commune qui ne construit pas verra sa population décroître, et il est probable que ce n’est pas ce que souhaitent les élus locaux.
En outre, les impacts de cette croissance sont plus larges que les seules questions du logement ou du foncier. Ils interpellent les politiques de solidarité, d’équipement, de services publics, de réseaux, de mobilités et plaident pour une réflexion à l’échelle départementale.

 

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