Les délaissés : de l’invisibilité à la reconquête

Regard sur l’espace public

L’environnement urbain n’est pas figé et subit de constantes modifications qui suivent les besoins et les contraintes de la société. Les espaces publics sont les marqueurs les plus évidents des temps de transformation de la ville. Cohabitent ainsi un espace public identifié, aménagé, pratiqué, reconnu voire monumental, et des espaces en marge, au statut ambigu : les délaissés urbains.

Ce carnet propose de porter le regard sur l’« envers du décor » urbain, ces espaces ouverts oubliés, très peu fréquentés, infréquentables car laissés-pour-compte, souvent perçus comme sales ou inquiétants : des franges de terrains enfrichés,  des parkings abandonnés, des carrefours routiers, des sous-faces de ponts, des sur-largeurs et autres recoins en dents creuses, des tunnels ou passerelles oubliées, des bords de routes ou de voies ferrées, des interstices entre des bretelles d’accès aux infrastructures (échangeurs, ronds-points en tout genre).

Pourquoi s’intéresser à ces sites abandonnés ? Quel est le potentiel de transformation de ces espaces ? Comment parvenir à activer les lieux et pour en faire quoi ?
Nous verrons dans un premier temps qu’il est déjà délicat d’identifier les délaissés, du fait de la grande diversité des mécanismes qui les engendrent et des formes très diverses qu’ils prennent. Puis nous explorerons les raisons qui poussent les acteurs de la ville à valoriser le moindre interstice urbain avant de nous intéresser aux principaux enjeux qui pèsent sur ces délaissés. Cette valorisation peut se matérialiser de mille manières tant les attendus sont nombreux sur l’espace public contemporain. La recherche de qualité urbaine de proximité trouve dans ces espaces de forts leviers, allant de la reconquête végétale à l’expérimentation habitante.