/ 2018
Le département de la Gironde se classe parmi les territoires les plus attractifs à l’échelle nationale. Avec plus d’un million et demi d’habitants, dont 1 sur 10 a déménagé au sein même du territoire et 3% sont nouveaux, cet espace est traversé par des flux qui peuvent agir sur sa structure. Tout dépend de qui bouge, où et comment. Pour y répondre finement, la connaissance consolidée et objectivée par la donnée reste plutôt limitée. C’est tout l’enjeu du croisement des regards, entre une connaissance fondée sur la capitalisation d’études relatives à la fragilité des territoires et les données exploitées des migrations résidentielles des allocataires de la Caisse d’allocations familiales.
L’objectif : venir éclairer et argumenter ce qu’en 2009 nous avions résumé sous le titre de « ségrégation sociospatiale ». L’association initiale de ces deux termes porte en elle trois idées fortes, celles de : rupture, discrimination et leur caractère radical. Pour cette deuxième édition, c’est moins la ségrégation que la géographie sociale de la Gironde et son rapport à la mixité que nous entendons étudier. Ne pas l’inscrire ce n’est pas la renier ou dire qu’elle n’existe plus ou pas mais y apporter de la nuance pour la remettre en perspective.
En effet, la mixité sociale est souvent avancée comme un argument majeur des politiques de l’habitat. Y faire référence serait une sorte de gage voire même une condition de la cohésion sociale et du bien vivre ensemble. Une injonction à faire, à brasser, à toutes les échelles ! Mais pourquoi ? Certains défendent l’idée du melting pot créateur de richesses, quand d’autres invoquent celle de rattrapage ou d’équilibre dans une tradition française qui a élevé l’égalité au fronton des valeurs de la République. C’est aussi défendre a priori une valeur qui irait à l’encontre de la préférence naturelle des individus pour l’entre-soi. Mais cet entre-soi est-il si délibéré ? Est-ce même seulement un choix. Par ailleurs, il faut bien distinguer traitement égalitaire des individus et réduction des inégalités de revenus. Car finalement c’est aussi de cela dont il est question quand on parle de mixité : de mesures correctives.
Dans l’édition précédente, nous mettions en évidence la spécialisation sociale par couronnes. Nous faisions le constat d’une concentration des ménages fragiles en coeur de métropole et une attraction de ces mêmes ménages sur des territoires aux confins du département. Les exploitations de données sur la période 1998-2007 étaient venues confirmer les ressentis des élus des centres-villes secondaires qui tiraient la sonnette d’alarme d’une tendance modifiant leur rôle au sein de l’armature territoriale.
Qu’en est-il dix ans après ? Ces tendances se confirment-elles ? S’infléchissent ? Que dit la géographie des allocataires en 2018 sur un département comme la Gironde ? L’a-urba et la CAF ont uni une nouvelle fois leur savoir-faire pour traiter des évolutions sur la dernière année référence : 2014. Une analyse qui suit le fil de cette réflexion engagée il y a dix ans et ouvre un chapitre sur les solidarité
/ 2024
/ 2022
/ 2020