Métropole rafraîchissante

Les territoires prioritaires pour des actions de rafraîchissement
Analyse de vulnérabilité à la chaleur

L’a-urba a mené en 2023 une analyse de vulnérabilité à la chaleur sur les territoires de Bordeaux métropole, à l’échelle 200 x 200 m. Cette analyse croise la fragilité sociale et économique de la population (jeunes enfants, personnes âgées, ménages isolés, ménages pauvres…), la qualité de leur logement (morphologie, situation, propriété…), et la proximité à un ilot de fraîcheur et de services potentiellement frais.
Les secteurs inhabités (zones commerciales, zones d’activités) ne sont donc pas étudiés.

Deux indicateurs de vulnérabilité à la chaleur sont calculés et proposent 6 classes de vulnérabilité de la plus faible à la plus forte :

• Une vulnérabilité « critique », calculée en fonction des températures de surface enregistrées par Landsat 17.06.2022, soit un des jours les plus chauds de l’été 2022. Cet indicateur révèle les territoires les plus vulnérables sur la métropole en cas de forte chaleur.
• Une vulnérabilité « générique », calculée en fonction de l’Indicateur de Confort Thermique (ICTU), produit par Verdi pour Bordeaux Métropole en 2022. Cet indicateur circonscrit les secteurs les plus vulnérables sur la métropole durant une période « normale » de chaleur estivale.

Trois principaux effets de la chaleur sur les populations et les territoires

Cette analyse s’appuie sur une enquête sociologique menée pendant l’été 2022 qui a permis d’identifier trois effets de la chaleur sur les populations et les territoires :

1. Le confinement des populations : le logement opère comme un refuge climatique d’urgence, à l’abri duquel on se replie en cas de forte chaleur. Ce réflexe d’isolement est conditionné par la qualité d’isolement du logement et son mode d’occupation, qui déterminent la nécessité de refuges climatiques en relai.
2. Le desserrement social : ce confinement individuel a pour corrolaire le desserrement social de la population. La désertion des espaces de sociabilité les plus exposés à la chaleur, en premier lieu les espaces publics, appelle leur adaptation pour maintenir des liens de sociabilité indispensables au fonctionnement de la société en cas de forte chaleur.
3. Le ralentissement des activités : la baisse de productivité et l’adaptation du temps de travail pendant les canicules nécessitent plus largement la continuité des services essentiels à la poursuite des activités et leur synchronisation.

Nous sommes tous exposés

Le 17 juin 2022, un des jours les plus chauds enregistrés lors de cet été de référence, 99% de la population de Bordeaux métropole a été exposé à une forte chaleur (+36 degrés), et 83% de la population était exposé à une température supérieure à 40 degrés sur presque 60% du territoire.

Mais nous ne sommes pas tous aussi sensibles à la chaleur

Les personnes les plus représentatives de la sensibilité des territoires bordelais à la chaleur sont les locataires pauvres et seuls, qui représentent la part de population (39%) et de logements (48%) la plus importante. Les personnes les plus sensibles à la chaleur (locataires + 80ans, -4ans) représentent 14% de la population.
Les personnes les moins sensibles à la chaleur sont les propriétaires de maisons individuelles qui représentent une personne sur trois et un logement sur cinq, mais couvrent plus de la moitié de la métropole habitée.

Les îlots de fraîcheur publics jouent un rôle essentiel pour faire face à la chaleur

Globalement, l’indicateur de capacité à faire face témoigne d’une bonne offre en espaces frais (îlots de fraîcheur et services potentiellement frais) puisque 54% de la population se situe à proximité d’un îlot de fraîcheur public et que 27% de la population dispose d’une diversité d’espaces frais de proximité.
Les personnes les plus en capacité à faire face à la chaleur sont celles qui ont accès surtout à un îlot de fraîcheur public. Elles sont réparties sur presque la moitié du territoire. Pour autant, le confort de l’accessibilité à ces ilots de fraîcheur publics reste à aménager.

Différents profils de territoires vulnérables lors d’une canicule

Centralités VS Périphéries
52% de la population de la métropole bordelaise est en situation de vulnérabilité forte à très forte lors d’une canicule. Ces personnes sont réparties sur seulement un quart du territoire, principalement dans l’hypercentre, ses faubourgs extra boulevards, dans les polarités périphériques et le long des principaux axes de desserte.
7% de la population est en situation de faible et très faible vulnérabilité lors d’une canicule. Répartie sur presque le quart du territoire, elle réside principalement à l’extérieur de la rocade sur les lisières de la ville au contact des grands espaces naturels métropolitains ou dans les quartiers les plus périphériques bénéficiant de jardins privés, d’espaces publics frais et de services frais.

Quatre échelles de vulnérabilité critique
Plusieurs situations territoriales contrastées de vulnérabilité sont identifiées :
– Les situations de très forte vulnérabilité et de très faible vulnérabilité sont ponctuelles et concernent des îlots urbains souvent inférieurs à l’échelle du carreau de 200 x 200 m
(4 ha).

• Les situations de forte et faible vulnérabilité concernent des territoires qui relèvent plus du quartier de +/- 1 km2 (100 ha). L’hypercentre présente une situation de vulnérabilité forte spécifique.Les lisières urbaines en situation de faible vulnérabilité sont également regroupées, permettant de qualifier des linéraires constitués de lotissements au contact d’espaces naturels. Des situations de vulnérabilité forte ou faible sont également identifiables autour de la rocade et dans les quartiers de faubourgs correspondant à des petites proximités habitées de +/-15 ha.
• Les principales voies de desserte semblent proposer une échelle pertinente pour analyser les situations urbaines intermédiaires, principalement réparties entre les faubourgs de l’hypercentre extra-boulevards et les territoires périphériques étendus extra-rocade.