La Charente

La Charente, de l’objet au sujet territorial

Le lien qui relie les villes à leurs fleuves s’est distendu. Depuis la préhistoire, les activités de pêche et d’agriculture, les activités artisanales, puis industrielles, ou les transports ont utilisé intensément le fleuve comme une ressource essentielle. Avec la révolution industrielle et le développement des infrastructures ferroviaires et routières, puis l’extension des villes au-delà de leur site originel, la relation avec des fleuves de moins en moins naturels, réceptacles des pollutions urbaines, franchis par des ponts, cernés par des autoroutes ou des voies de chemin de fer, s’en est retrouvée appauvrie.

Depuis plusieurs décennies, la Charente n’occupe plus la fonction centrale et vitale qui avait fait d’elle « le plus beau fleuve de France », non seulement en raison de la beauté des territoires qu’elle traverse, mais aussi en raison des richesses qu’elle véhiculait et du développement de ses rives qu’elle a intensifié. Sublime lieu de promenade, de découverte de villages, si sa dimension patrimoniale reste son principal atout, elle n’en est pas moins devenue sur de larges portions de son cours, un « délaissé territorial ».

Porter à nouveau les regards sur cet axe qui a de tout temps structuré l’espace, des regards croisés, est un premier pas pour faire de cet objet géographique et historique un sujet à part entière, pour le remettre au coeur d’un projet de territoire. Le défi actuel, qui est une chance, mais aussi un risque, c’est qu’elle cristallise les ambitions d’un grand nombre d’acteurs, dans son lit et sur ses rives.
Re – devenir un axe qui accueille de nouveaux projets demande une lecture partagée, une hiérarchisation des enjeux pour respecter les équilibres de cet espace qui reste avant tout naturel et mouvant, un espace vivant pour les hommes et leurs activités, un lien entre les rives, entre l’amont et l’aval.