Garonne, Dordogne, estuaire de la Gironde – Portulan contemporain

La Garonne, la Dordogne et l’estuaire de la Gironde ne font qu’un. Un espace pluriel où l’eau et les hommes entretiennent depuis toujours une relation ambivalente, faite de conflits et d’équilibres provisoires. Il est ici question de poser un regard renouvelé sur nos cours d’eau et les territoires qu’ils sillonnent, un regard transversal. En effet, la prévention et la protection du risque mobilisent beaucoup et à juste titre, mais ces préoccupations ne peuvent accaparer toute l’attention. La revue cartographique présentée ici, révèle la diversité de pistes d’avenir permettant de rassembler largement une même communauté de destin .

S’immerger dans l’histoire, le présent et l’avenir des fleuves et des rivières, c’est faire face à la complexité de l’interdépendance. Il est question ici d’appréhender les territoires que les cours d’eau irriguent et traversent en s’appuyant sur leurs caractéristiques physiques, géographiques et humaines. Il s’agira d’être particulièrement attentifs à certaines composantes : l’eau, les rives et les paysages. Il faudra également tenir compte du caractère vivant et contraignant des fleuves et des rivières; regarder leurs histoires (en l’associant avec ses évolutions industrielles et urbaines), analyser le développement des transports dans les vallées (proximité des axes ferroviaires et routiers), les dimensions patrimoniales (naturelle et bâtie), etc.

Remettre les fleuves et les rivières au coeur de l’aménagement de l’espace, c’est également être capable de gérer les différentes échelles d’intervention. Le fleuve est composé de territoires à géométries variables (du grand bassin versant au microlocal). C’est aussi faire face à un écosystème dont la vie, les fonctions, la régulation nécessitent des connaissances, un mode de gestion et des interventions à différentes échelles, relayés par de très nombreux acteurs. L’objectif de valorisation d’ensemble doit être le moteur d’un projet fédérateur et partagé qui nécessitera aussi des arbitrages.

Enfin, poser un regard renouvelé sur les fleuves et les rivières de la Gironde, c’est ancrer une approche théorique de l’interterritorialité, à savoir la mise en relation des territoires et de leurs acteurs. Ces objets géographiques réels, tangibles bien que liquides et mouvants, sont par définition interterritoriaux. Ils (re)deviennent, au regard de la transition écologique, des axes permettant de consolider les coopérations existantes et d’en tisser de nouvelles. De l’objet géographique, les fleuves et les rivières deviennent alors des sujets à part entière, sujets qui ont une place centrale dans les réflexions d’organisation spatiale du territoire.

Par son caractère fortement maritime, l’estuaire de la Gironde et les fleuves qui l’alimentent nous renvoient à une histoire riche liée à la navigation. Ainsi, du XIIIe au XVIIe siècle, les portulans accompagnaient les marins génois et vénitiens dans leurs expéditions. Ces documents contenaient une description des côtes et des ports, de leurs accès, leurs fonds, les marées et les vents, la manière d’y entrer et d’en sortir, leurs inconvénients et leurs avantages, les risques encourus… Mélange de rigueur scientifique, de repérages spatiaux et d’observations, ils servaient de façon très pragmatique à orienter la navigation rapprochée.

Puisse ce portulan contemporain aider les acteurs d’aujourd’hui et de demain à s’orienter vers un avenir commun.