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/ 2021

/ Co-écrit avec 6-T

Être périurbain en Gironde

Plaidoyer pour une mise à l’agenda du périurbain

D’après l’Institut national de la statistique, ils seraient pas moins de 15 millions en France dont 750 000 en Gironde. Mais de qui parle-t-on ? Des périurbains bien sûr ! Des individus accrocs à leur voiture, consommant de manière excessive les espaces naturels pour construire des nappes de lotissements qui s’étendent à l’infini pour y cultiver un style de vie fait de barbecue et d’entre-soi ! Une image qui peut prêter à sourire à condition d’y apporter de la nuance. Seulement, ces dernières années, entre ceux qui veulent le limiter quand d’autres militent pour sa réhabilitation, le débat s’est crispé.

Réalité ou fiction ? Pour faire la lumière sur un sujet longtemps resté dans l’angle mort des politiques publiques, l’a-urba et 6t bureau de recherche ont produit une enquête « modes de vie » à l’échelle du périurbain girondin, soit 510 communes hors bande littorale et centralités urbaines métropolitaines. Cette vision volontairement élargie à presque l’ensemble du département vise à renverser le paradigme particulièrement ancré d’un modèle urbain dominant. Cette enquête place donc le périurbain comme norme et la ville comme exception. Toujours dans cette optique d’inversion du regard, le périurbain est abordé comme un mode vie plutôt qu’un territoire. L’objectif global est d’en saisir toutes les complexités, les spécificités afin de parvenir à la formulation d’enseignements qui soient à la fois généraux et opérationnels.

Plus de 1 600 périurbains se sont exprimés sur le sujet permettant de structurer des grandes familles de pratiques. Les résultats de l’enquête battent
en brèche l’idée d’un périurbain choisi par défaut par une population chassée des centres-villes. Les territoires périurbains apparaissent recherchés et choisis pour leurs qualités propres. Celles et ceux qui le choisissent en apprécient les attributs sensibles (calme, nature, sécurité) et sociaux (interconnaissance) qui ne se retrouvent pas ou que partiellement dans les centres urbains. À titre d’exemple, seuls 18 % des habitants du périurbain déclarent avoir emménagé dans leur logement actuel par contrainte.

Il n’en demeure pas moins que l’éclatement géographique des pratiques et la forte dépendance à l’automobile sont des facteurs de fragilité pour ce modèle. Les politiques publiques doivent donc réussir une gageure : respecter des préférences fortement tournées vers ces territoires et la qualité de vie qu’ils offrent, tout en agissant pour les rendre à la fois plus durables et moins contraignants pour leurs habitants. Hasard du calendrier ou vision anticipatrice, le démarrage des travaux coïncidait avec l’émergence du mouvement des gilets jaunes très suivi localement. Hasard encore, quand la rédaction de ce rapport synthétique coïncide avec une crise sanitaire qui a érigé une nouvelle fois le couple pavillon-jardin comme le mode de vie idéal témoignant le désamour de la densité.

Sans être un plaidoyer en faveur d’un espace ou d’un style de vie, ce rapport n’en est pas moins une invitation à mobiliser connaissances et expertises techniques, politiques et habitantes pour dessiner les trajectoires et anticiper les évolutions possibles du périurbain. Cet espace a vocation à mieux fonctionner et cela passe par une meilleure connaissance et appropriation pour contextualiser les projets et sortir d’un urbanisme de catalogue. Ces constats sont à partager pour mettre en œuvre des politiques publiques plus proches des usages réels, bousculer nos pratiques et réviser nos schémas à l’égard d’un espace encore trop disqualifié. Être périurbain en Gironde propose une lecture alternative d’un sujet étudié, mais pas toujours avec les bonnes lunettes.

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