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Dossier : Saisons en ville
Mai 2015 – 84 pages

CaMBo #7

Éditorial du n°7 de CaMBo, par Jean-Marc Offner, directeur général de l’a-urba

Des liens ! Des lieux certes, mais aussi des liens. Villes et territoires doivent aujourd’hui se comprendre et se concevoir dans cette dualité. Or, cette manière de voir ne va pas de soi. Car tout concourt à privilégier des représentations de l’espace faites de périmètres et de surfaces. Logiques politiques et techniques convergent pour préférer les limites et les aires aux flux et aux réseaux. La géométrie euclidienne l’emporte sur la théorie des graphes.

Le politique s’organise à l’aune des circonscriptions électorales, fort légitimement du reste. La planification spatiale, structurée par l’occupation foncière, adopte les langages de l’architecte et du géomètre-expert : des zones et des parcelles, des hectares et des mètres carrés. Les statisticiens découpent les territoires en mailles, tels les Iris (« îlots regroupés pour l’information statistique ») chers à l’Insee, survalorisant de facto l’information géographique « surfacique ». Les aplats de couleur organisent les cartes. Inventée il y a plus d’un demi-siècle, l’approche systémique nous a pourtant habitués à voir le monde avec des points et des flèches, pour privilégier les échanges entre les parties du système étudié plutôt que l’analyse de chacune d’elles (oublier Descartes et son obnubilation du découpage !). D’ailleurs, dans sa vie d’habitant, de travailleur, de client, d’usager, chacun sait bien que les limites administratives se franchissent quotidiennement, sans coup férir. Et chacun sent confusément que si les hommes ont inventé la ville, ce n’est pas pour rester au logis mais pour « maximiser les interactions spatiales », autrement dit favoriser le développement des liens entre les individus, les activités, les lieux.

Les dynamiques territoriales contemporaines accentuent cette dimension relationnelle de l’urbain. Sous la double impulsion de l’intensification des échanges économiques et des progrès techniques, la mobilité et les échanges s’accroissent. La « métropolisation » résume ce processus de « mise en réseau », au-delà des terminologies institutionnelles du moment.

Il revient aux analystes de proposer les informations – les chiffres, les cartes et les notions – aptes à rendre compte de cette nouvelle géographie des flux et des interdépendances ; aux acteurs politiques d’imaginer et mettre en oeuvre les dispositifs de gouvernance en phase avec l’« interterritorialité ».

Il ne s’agit certes pas de livrer les territoires à la « tyrannie » des flux, ceux de l’économie ou des grands réseaux de service. Mais il faut inventer des combinaisons inédites entre lieux et liens, sachant accepter des appartenances territoriales et réticulaires multiples. C’est à quoi nous invite Olivier Mongin dans son bel ouvrage sur La ville des flux. L’envers et l’endroit de la mondialisation : encourager « l’émergence de milieux qui cherchent à soumettre ces flux à l’exigence anthropologique de l’habiter, ainsi qu’à celle, politique, de l’agir ensemble ».

Il convient aussi de penser à ses « voisins », à ne pas négliger ce qui est de l’autre côté du trait (les voisins proches de la contiguïté) ou au bout de la ligne (les voisins lointains de la connexité). Ne pas faire comme les présentateurs de la météo qui, chaque soir, commentent une carte de France entourée d’un no man’s land sans soleil ni nuages. Oublier la tentation insulaire.

/ Extraits

Voir le sommaire

Voir le Grand Entretien : Ruedi Baur (par Elodie Maury)

Voir l’introduction du dossier : Saisons en ville (par Agnès Berland-Berthon)

Editeur : Le Festin, Bordeaux

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